Creative Commune

DIES IRAE et LA COMMUNE 1870 / 1871

 

La commune de Paris va avoir 150 ans. Elle a fait de nombreuses « émules » depuis, notamment en Gironde. Et notre époque a fait résonner toutes sortes d’échos en Europe et dans le monde de cette tentative de démocratie directe.

 

La commune de Paris va avoir 150 ans. Elle a fait de nombreuses « émules » depuis, notamment en Gironde. Et notre époque a fait résonner toutes sortes d’échos en Europe et dans le monde de cette tentative de démocratie directe.

Le projet propose de mettre en abyme cette aspiration politique et sociale fondamentale en menant aujourd’hui une expérience artistique participative. Elle viendra s’inscrire au coeur de ces communes qui nous interrogent précisément, comme premier dénominateur commun de nos sociétés européennes.

 

Mairies, écoles, places publiques deviendront les théâtres de rencontres, d’ateliers, de débats et de spectacles participatifs qui nous permettront de questionner ensemble l’héritage de la commune, mais aussi et surtout sa vivacité et sa créativité.

 

Les actions seront menées en coopération avec d’autres communes européennes qui s’interrogent tout autant que nous sur le rôle de la commune comme premier vecteur de l’expression démocratique et de la participation sociale.  

 

 

 

La genèse du projet

 

    L’art scénique se doit de parler d’Histoire. Il doit y faire référence et il doit s’inscrire dans son temps. Dans le temps où il se crée. L’événement historique de la Commune de 1870/ 1871 (il est délicat de lui attribuer une véritable date de départ…) est fondateur de changements radicaux dans les transformations des institutions de la République en France. Fin de l’empire de Napoléon III, début de la IIIe République qui durera jusqu’à la seconde guerre mondiale, soixante-dix années.

 

    Si la première idée était de monter un spectacle sur ce moment aussi bref que complexe, il nous est très vite apparu qu’il fallait l’inscrire dans une démarche plus concrète et plus globale dans une action citoyenne, éducative et sociologique.

 

    Alors, nous avons d’abord envisagé d’écrire un spectacle dans le mode du récit, en impliquant dans le projet des actions d’enseignements : inclure dans la création d’un spectacle des ateliers artistiques sur le sujet, interventions en milieu scolaire, ateliers de créations autour de la thématique, rencontre avec des historiens, des sociologues, des enseignants…

 

L’évolution du projet

 

    Et puis, très vite, il nous est apparu que ce type de démarche est finalement assez classique. Dans le sens où toute création artistique dans le champ du spectacle vivant est associée à la rencontre avec le public, aux débats, aux questionnements de ceux qui font l’acte artistique et de ceux qui le regardent.

    Partant de là, nous proposons aujourd’hui d’associer ce projet à une démarche qui engagerait plus directement les citoyens dans ce qu’ils vivent aujourd’hui. Partout dans le monde (et notamment en Europe), nous voyons se créer des associations, des mouvements sociaux, des démarches individuelles qui veulent participer directement à la vie de la cité. La cité que nous constituons tous, représentants républicains ou électeurs de ces représentants.
Si la République est le choix acquis ou recherché en ce début du XXIe siècle, force est de constater que tous, nous avons du mal à la reconnaître et à la vivre.

 

    Et c’est bientôt le cent-cinquantenaire de cette Commune. Alors n’est-ce pas le moment de proposer à la société et à ces représentants républicains de fêter cet anniversaire par une action qui se fondera sur l’interrogation de l’Histoire d’un pays, de ses territoires, d’un continent : c’était il y a cent cinquante ans et maintenant ? Comment sont possibles les actes des citoyens pour construire une société heureuse d’être juste, heureuse d’un vivre ensemble si souvent nommé ? Sommes-nous des héritiers de cette période foisonnante de propositions ? et – de violence et de sang, il faut le dire.

 

    Interroger la Commune ce n’est pas monter un projet hagiographique ou un cours d’histoire, c’est tenter d’interroger aujourd’hui la richesse des mouvements issus de ce qu’on nomme la « société civile », les groupes spontanés, pas forcément organisés comme les partis politiques ou les syndicats par exemple, partout en Europe.

 

    C’est en rencontrant Bruno Freyssinet, metteur en scène de la Transplanisphère que l’idée s’est véritablement constituée.

 

La Transplanisphère
http://www.latransplanisphere.com/
Voici une présentation succincte de la compagnie.

 

La Transplanisphère est une compagnie de théâtre basée à Paris. Ses projets sont dirigés par le metteur en scène Bruno Freyssinet.
Depuis 2008, elle développe un projet qui interroge le monde par le théâtre. Dans un contexte de crise globale et de bouleversement des équilibres politiques internationaux, quel Europe, quel monde peut-on raconter aujourd’hui et imaginer pour demain ? Comment l’art et le théâtre peuvent-ils stimuler le débat citoyen sur l’avenir de nos sociétés ?
Dans ce cadre, la compagnie conçoit et mène des projets de coopération internationaux soutenus par la Commission Européenne et différentes tutelles en France et en Europe.
Elle propose aujourd’hui une démarche transdisciplinaire qui associe théâtre, citoyenneté, jeunesse, éducation et international. Les projets qui en découlent s’inscrivent à Paris, en région parisienne et sur le territoire Français, ainsi que dans les différents pays associés (Allemagne, Belgique, Italie, Grèce, Portugal, Irlande, Suède, Islande, Turquie, Arménie, Hongrie, Espagne, Royaume Uni, Corée et Etats Unis), dans une dynamique d’activités reliant le local au global.
Au-delà du grand public des spectacles représentés, la Transplanisphère associe des lycéens, des étudiants, des universitaires, et des personnalités de tous horizons au travers de créations artistiques, d’ateliers, de débats, d’interviews et de publications.
Par une action porteuse de questionnement, d’appropriation et de création, la compagnie veut contribuer à une ouverture renouvelée des citoyens au théâtre du monde.

 

Le projet : sa constitution, son commencement.

 

    C’est en associant leurs forces que ces deux structures veulent remettre sur la table les engagements de chacun et de tous dans le politique et l’art au niveau européen. Et l’Europe c’est ici. L’Europe c’est local. Dans sa présentation trop souvent médiatique, l’Europe nous apparaît comme lointaine alors qu’elle est là : plus que là nous y sommes, dans nos régions, nos départements, nos communes : si nous ressentons ces déterminants proches c’est aussi parce qu’ils nous constituent.

 

    Alors jouant sur une sémantique, sur le mot, « commune », nous avons vérifié que chacun veut participer à un projet collectif, une démocratie directe en travaillant avec les collectivités locales, celles qui sont dans notre proximité et territorialement et concrètement dans la représentation que s’en font chaque citoyen ou toute association.

 

Les partenaires

 

    Si les partenaires seront « singuliers, particuliers », il est aussi fondamental que toutes institutions politiques déjà en place (les départements, les communes, les régions, l’État et la Commission européenne) soient associées au projet d’une action qui se définit non pas comme acte d’une démocratie participative (ce serait un pléonasme) mais comme un acte citoyen de démocratie directe.
    Et puis si nous avons « joué le mot » – la commune au sens révolutionnaire et historique n’est pas celui de la commune au sens d’un regroupement de territoires et de personnes – c’est bien parce qu’il est temps de trouver le moyen de proposer aux citoyens de reprendre possession de ce qui est leur bien le plus précieux : le bien public, l’intérêt commun. La commune est l’institution qui nous est souvent la plus proche et la plus compréhensible en terme d’organisation du bien commun.
    L’art de la scène en Europe se doit de trouver le moyen de s’associer au plus petit dénominateur commun qui traverse tous les pays qui la constituent pour œuvrer avec tous à la réflexion de notre devenir de société : le Commun.

 

Conclusion

 

    C’est pourquoi aujourd’hui, nous proposons au Conseil Départemental de la Gironde de s’associer à la genèse d’un projet culturel, artistique et démocratique, qui dans les actions proposées et à inventer impliquera tous les citoyens – qui en ressentiront le désir – des démocraties européennes.

 

Matthieu Boisset
Bruno Freyssinet
Novembre 2016