La Décision (Die Massnahme) – écrite en 1930 – fait partie des pièces didactiques ou “pièces pour écoliers”. Brecht considérait que ces pièces devaient pouvoir être jouées par toutes et tous (pas forcément des comédiens) pour être des outils d’enseignement et d’émancipation du peuple.
Quatre agitateurs communistes russes font leur compte-rendu à leurs camarades du Parti (le « chœur de contrôle »). Leur mission ne s’est pas déroulée comme prévu et ils ont dû prendre une décision difficile: tuer l’un des leurs. Inquiets du bien-fondé de cette décision, ils s’en remettent au jugement du chœur de contrôle. Les quatre agitateurs rejouent alors le déroulé de leur périple. Ce récit théâtral met en scène leur rencontre avec un jeune camarade venu leur prêter main forte. Ce personnage, ému par le sort des opprimés, s’impatiente et veut leur venir en aide sans délai. Il enfreint alors une règle des “enseignements des classiques”, celle de l’effacement (le devoir de porter un masque pour être incognito). Le jeune camarade compromet alors la réussite de l’action commune. Il doit donc mourir.
Lui-même, pour la sauvegarde de la révolution, donne son accord pour sa propre mise à mort.
Dans une forme de mise en abîme, les quatre agitateurs incarnent ainsi tous les rôles, y compris celui du défunt. Leur pièce dans la pièce comprend huit séquences : Les enseignements des classiques / L’effacement / La pierre / Justice / Au fait, qu’est-ce qu’un homme ? / La trahison / Exaspération des poursuites et analyse / La mise au tombeau.
Cette fable, avec distance et humour, raconte tout à la fois la dure vie des prolétaires, les tensions qu’engendrent les relations dans le monde du travail et les tentatives de redonner sens à l’intérêt général par la quête de justice dans une société moderne. Lire la suite (dossier en téléchargement).